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Peuples et connaissance du Nord - 
Expédition canadienne dans l'Arctique (1913-1918)
La survie - maladies, accidents et décès
 
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Lors de n'importe quelle exploration de l'Arctique, surtout quand elle dure toute une année, les participants risquent de tomber malades, de se blesser et même de mourir. L'Arctique peut se révéler un milieu dur. Il suffit de quelques incidents imprévus pour engendrer des difficultés. Les membres de l'Expédition canadienne dans l'Arctique (ECA) peuvent être affligés de problèmes mineurs comme la cécité des neiges, souffrir de maladies bénignes, subir des accidents graves ou perdre la vie. Des extraits de journaux personnels décrivent certains problèmes mineurs de santé.

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La cécité des neiges

« Nous éprouvions constamment des problèmes de cécité causée par la neige parce que nous manquions de verres de couleur ambre. Lors de notre débarquement sur l'île Amund-Ringnes, nous en avons tous été affectés légèrement, et Charlie [Andersen] l'a été si grièvement que nous avons été retardés de trois jours. Dans les cas aussi sérieux que le sien, la douleur est extrême; elle équivaut à celle provoquée par le pire mal d'oreille et elle est pire que celle engendrée par un mal de dents. » (Stefansson 1921)

Les infections

« Sweeney a failli perdre son bras, sinon sa vie. » (Jenness 1991) Le capitaine Sweeney se blesse une main en travaillant sur l'Alaska, et la blessure s'infecte gravement. Le bras enfle considérablement et doit être opéré plusieurs fois. Sweeney ne recouvre l'usage de son bras qu'après de nombreuses semaines.

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Les foulures

« V.S. [Stefansson] s'était fait mal à une jambe et a été forcé de faire tout le trajet jusqu'aux nouvelles terres installé dans un traîneau. Il dit qu'il ne se souvient pas de s'être fait une entorse ou une foulure, et il ne peut expliquer sa maladie. Cependant, Martin dit qu'il se souvient avoir vu V.S. tomber d'un traîneau pendant qu'il descendait une côte. Il portait des raquettes à ce moment-là, et Martin pense qu'il se serait alors blessé le pied. Mais l'enflure et la douleur semblent se situer entre la cheville et le genou, et les articulations ne sont pas particulièrement affaiblies. » (Journal de Wilkins).

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MCC CD95-936-001

Jenness soignant la main blessée d'Ayalik, Inuit du cuivre, Bernard Harbour (Nunavut). 7 septembre 1914. JJO 38682. Source : Musée canadien des civilisations


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L'Arctique accueillant?

Bien que le récit publié par Stefansson s'intitule The Friendly Arctic (L'Arctique accueillant), 17 hommes meurent durant l'Expédition : 11 personnes sont mortes à cause du naufrage du Karluk tandis que deux membres de l'équipe sud et quatre membres de l'équipe nord perdent la vie durant les nombreux déplacements.

Stefansson minimise ces décès et d'autres aspects négatifs de l'Expédition. Dans une lettre rédigée en 1920 dans laquelle il discute de la possibilité de remettre la Médaille de l'Arctique aux membres de l'ECA, Stefansson fait cette incroyable déclaration : « Aucun homme ni aucun chien n'ont été perdus et n'ont connu de dures épreuves. » (Stefansson 1920, Archives Nationales du Canada).

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Plaque, créée vers 1926, en mémoire des personnes qui ont péri durant l'Expédition canadienne dans l'Arctique. Source : Musée canadien de la nature


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Pourquoi et comment 17 hommes de l'ECA sont morts?

Certains décès sont attribuables à une alimentation insuffisante. Deux des hommes qui sont morts sur l'île Wrangel, le géologue George Malloch et son adjoint Bjarne Mamen, ont été emportés par une néphrite, causée probablement par une alimentation insuffisante reposant sur du pemmican avarié. Il se peut que Bernard et Thomsen aient manqué de nourriture. Daniel Blue meurt d'une pneumonie, mais il était déjà atteint de scorbut.

Le scorbut

En février 1915, l'équipage de l'Alaska, d'autres trappeurs et négociants, qui passent l'hiver le long de la côte, et plusieurs Inuits sont affligés de ce qu'ils soupçonnent être le scorbut. Conscients de l'absence de variété dans leur régime alimentaire, ils commencent à manger plus de viande. Dans un renversement des rôles, un peu ironique, Daniel Blue, chef mécanicien de l'Alaska, réussit à échanger avec les Autochtones du coin de la gomme à mâcher contre un « médicament contre le scorbut », qui est en fait de l'acide citrique. Le problème disparaît quand ils prennent le médicament et qu'ils mangent de la viande fraîche. Ils peuvent poursuivre leurs activités normales, c'est-à-dire piéger le renard et chasser, mais ils sont affaiblis par la « maladie ».

« 15 avr. Le scorbut a repris dans mes jambes. Maintenant, tout ce que nous avons, c'est des pois, de la farine et du sucre. Nous n'avons pas de médicament contre le scorbut. J'ai acheté une bouteille de sel de fruits Enoch de M. Girling. […]
16 avr. [...] M. Jacobson [sic] a découvert qu'il avait lui aussi le scorbut. Par ailleurs, lui et moi irons chasser le lagopède dès que le temps le permettra. La tempête nous a empêchés de partir ce matin. » (Journal de D.W. Blue, avril 1915).

Au retour de la chasse au lagopède avec Jacobsen, Blue installé dans le traîneau, semble souffrir de pneumonie. Il meurt le 2 mai 1915 après une maladie de dix jours. Le capitaine Sweeney écrit ce qui suit à la dernière page du journal de Blue : « Les provisions à bord du navire au printemps comprennent de la soupe, des légumes et du thé. Il y a eu aussi de la viande fraîche à bord tout l'hiver. Déclaration de D. Sweeney. »

Le scorbut atteint également certains membres de l'équipe nord en mai 1917. Stefansson est forcé de rebrousser chemin afin de chasser le caribou et d'établir ce qu'ils ont surnommé le « Camp hôpital » quand Knight et Noice deviennent trop faibles pour accomplir leurs tâches ordinaires. « Parfois, nous devions construire des routes pour faire traverser les traîneaux par-dessus les crêtes de pression. Jusqu'à présent, le commandant ne faisait que diriger, mais, maintenant que Knight et moi sommes incapables de tout travail ardu [à cause du scorbut], il a remplacé son léger ciseau à glace par la lourde pioche de mineur. » (Journal de Noice, mai 1921).

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L'hypothermie

Quatre membres de l'équipage et du personnel scientifique du Karluk meurent, semble-t-il, pendant qu'ils essaient d'atteindre les îles Herald et Wrangel en se déplaçant sur la glace. Alistair Mackay, Henri Beuchat, James Murray et Stanley Morris périssent probablement d'hypothermie, car ils sont sur le point de geler la dernière fois qu'ils sont aperçus, après s'être séparés de l'équipe du capitaine Bartlett et s'être aventurés seuls sur la glace.

Charles Thomsen et Peter Bernard meurent sur la côte nord de l'île Banks en décembre 1916, ou en janvier 1917, alors qu'ils tentent d'apporter de nouveaux traîneaux et de nouvelles provisions à l'équipe nord de Stefansson, installée sur l'île Melville. Nous ne connaîtrons jamais la principale cause du décès, mais le mauvais temps, l'hypothermie, la faim et l'épuisement comptent probablement parmi les principaux facteurs. Le journal de Castel raconte la découverte du corps de Thomsen.

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La noyade

Beaucoup de catastrophes par noyade sont évitées de peu. Il n'y en a eu qu'une durant l'Expédition, celle de Pipsuk, Autochtone alaskien qui, au moment de la tragédie, était en train de s'occuper du filet de pêche de l'Expédition à l'île Barter en juillet 1918.

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L'asphyxie?

Quatre membres de l'équipage du Karluk perdent la vie en 1914 après leur arrivée sur l'île Herald. Constituée d'Alex Anderson (capitaine en second du Karluk), Charles Barker, John Brady et A. Golightly, l'équipe de l'île Herald est envoyée en éclaireur par Bartlett et réussit à atteindre l'île. Les hommes y meurent tous peu après d'une cause incertaine, peut-être des émanations d'un poêle défectueux. Leur sort n'est découvert qu'en 1924, lorsque le capitaine Louis Lane découvre leurs restes.

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Une crise cardiaque

John Jones, mécanicien du Polar Bear, meurt vraisemblablement d'une crise cardiaque à la fin décembre 1916 à la pointe Armstrong, sur l'île Victoria. Apparemment, il souffrait du cœur depuis un certain temps et éprouvait de la difficulté à dormir à cause de douleurs cardiaques. À la fin décembre, Jones se plaint de ne pas se sentir bien et se relève souvent pour faire les cent pas après s'être couché. « Un soir, avant que les autres aillent se coucher, il venait à peine de s'étendre sur sa couchette quand il s'est mis à crier et à se débattre. Deux des hommes se sont précipités vers lui, mais il était déjà mort à leur arrivée. » (Stefansson 1921).

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Funérailles de J. Jones, chef mécanicien de la goélette Polar Bear de l'ECA,; neuf hommes vêtus de parkas debout autour d'un trou creusé dans la terre, pointe Armstrong, nord-ouest de l'île Victoria (T.N.-O.). 26 avril 1916. GHW 51156. Source : Musée canadien des civilisations


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MCC CD96-656-022

Funérailles de J. Jones, qui est mort en décembre 1915 et a été enterré le 26 avril 1916; hommes descendant le cercueil dans la tombe, pointe Armstrong, nord-ouest de l'île Victoria (T.N.-O.). GHW 51155 (photo de J. Hadley). Source : Musée canadien des civilisations


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Groupe debout à côté d'une haute croix blanche en bois marquant la tombe de John Jones. Trois femmes inuites et deux jeunes Blancs d'un côté de la croix, trois hommes blancs, un homme inuk et une femme inuk de l'autre côté. Pointe Armstrong, île Victoria, T.N.-O., juillet? 1916. JH 63454. Source : Musée canadien de la nature


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Un décès par arme à feu

Après avoir passé un hiver inconfortable sur l'île Wrangel, ayant survécu à peine avec du pemmican et un peu de gibier, le marin George Breddy meurt d'un coup de feu. Il se l'est probablement infligé, mais certains avancent qu'il s'agit d'un homicide involontaire coupable, étant donné que les autres avaient accusé Breddy de voler de la nourriture (Niven 2000).

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