Méthodes d'extraction utilisées pendant les expéditions menées par Frobisher

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Les Tudor tentèrent de perfectionner les méthodes d'extraction minière anglaises, notamment en « important » de l'expertise allemande sous forme de traités scientifiques (tel celui d'Agricola) et en faisant appel à des métallurgistes allemands pour superviser les projets d'exploitation minière. Par conséquent, dans le cas des mines de Baffin, Jonas Schutz et Burchard Kranich ont chacun joué un rôle clé.

Il demeure que les mineurs anglais du XVIe siècle ne disposaient pas d'une grande expertise première en matière d'exploitation de roches dures comme celles qui se trouvent dans la région de l'île de Baffin. Leur expérience se limitait essentiellement à l'exploitation de mines à ciel ouvert pour en extraire des roches tendres comme de la chaux, de l'argile et de l'ardoise, que l'on pouvait briser avec des pics, des masses et des ciseaux à fendre. Ce n'est pas avant le XVIIe siècle que l'on eut recours à la poudre noire pour fracasser les rochers. Vraisemblablement, les mineurs dans l'Arctique travaillaient avec des pics et marteaux, des coins et, peut-être, avec le feu.

L'extraction au pic et marteau Des mineurs autrichiens
 
De Der Ursprung gemeynner Berckrecht wie die lange Zeit von dem Alten erhalten worde, imprimé par Johann Haselberger, entre 1515 et 1538
 

L'extraction au pic et marteau exigeait un pic dont une extrémité ressemblait à une tête de marteau et l'autre, à une pointe. Ce pic, qui était utilisé comme un ciseau à fendre, était maintenu contre la roche avec une main et enfoncé dans la roche, avec un marteau, de l'autre. Cette technique était utilisée pour pénétrer les filons les plus durs. En temps d'utilisation intensive, la pointe restait affûtée environ une heure, après quoi elle devait être soit aiguisée de nouveau par le forgeron soit jetée. Certains signes montrent que cette technique a été utilisée à Kodlunarn. Ainsi, on peut voir des rainures étroites dans un mur de la tranchée du navire [Ship's Trench]. Ces marques irrégulières sont celles que laisse le pic lorsqu'on le martèle pour l'enfoncer dans le roc.

On se servait de coins pour briser les roches dans lesquelles un grain ou une fracture était évident. Dans une fracture ou une crevasse naturelle, ou ouverte avec un pic, on introduisait deux plaques de fer; un coin en fer était ensuite enfoncé entre les plaques. En introduisant plusieurs séries de plaques et de coins dans le grain et en martelant les coins pour les enfoncer, on finissait par parvenir à briser la roche. Des plaques, des coins, des ciseaux à fendre et des pics sont nommés dans l'inventaire des outils d'extraction emportés à Meta Incognita, ce qui laisse supposer que les mineurs de Frobisher se sont servis de cette technique pour extraire le minerai.

Les mineurs se servaient aussi du feu pour chauffer la surface d'une roche sur laquelle ils versaient ensuite de l'eau froide pour la faire éclater. Cette méthode était souvent utilisée pour briser les roches dures et friables, comme celles qui renferment du quartz. Elle n'aurait pas été très pratique dans le cas du « minerai noir » plus souple, comme celui rapporté de Meta Incognita.

Les mines creusées par les hommes de Frobisher dans la région de Baffin consistaient en des tranchées à ciel ouvert peu profondes desquelles ils extrayaient des roches extrêmement dures. Une fois les roches dégagées du sol, elles étaient transportées dans des paniers ou sur des traîneaux jusqu'à de petites embarcations à rame. Les embarcations lourdement chargées étaient ensuite conduites jusqu'aux navires.

Tout ce travail était exténuant. Les mineurs du XVIe siècle ne disposaient guère d'outils susceptibles de leur alléger la tâche. À compter du XVIe siècle, les marins à bord des navires se servaient de treuils pour soulever et pour peser les objets lourds. On pouvait utiliser un treuil pour soulever les paniers d'osier remplis de minerai et les déplacer des petits bateaux aux navires. Il demeure cependant que l'extraction minière et le transport de minerai étaient un travail dur et que l'échéancier serré des expéditions dans l'Arctique, qui exigeait que l'on extraie et charge autant de minerai que possible avant la fin du court été et le départ de la flottille pour l'Angleterre, fut à l'origine de nombre de hernies, de maux de dos, de cas de sciatique et de fractures osseuses parmi les membres des expéditions.

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  Photographie : Steven Darby


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