John Dee

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Si le rôle joué par John Dee dans les expéditions, à titre de mentor de Frobisher, a été important, il demeure qu'il était essentiellement non officiel et qu'il se jouait en coulisses.

John Dee (1527-1609) fit ses études aux universités de Cambridge et de Louvain, où il établit des relations qui lui seraient très utiles au cours des années suivantes. À Cambridge, il fit la connaissance d'hommes qui occuperaient une place éminente à la cour d'Élisabeth Ire, notamment le futur lord Burghley. À Louvain, il étudia aux côtés d'experts en cosmographie et en mathématiques, comme Gemma Frisius, Abraham Ortelius, Gerard Mercator et Oronce Finé. Il eut aussi l'occasion de faire l'acquisition de textes et d'instruments qu'il n'aurait pu se procurer en Angleterre, y compris des ouvrages et des manuscrits de mathématiques, de géographie et d'histoire, des compas, deux globes Mercator et un cadran de poche par Gemma Frisius. Dee regagna l'Angleterre armé des connaissances et des instruments nécessaires pour planifier et entreprendre des voyages d'exploration à destination de contrées lointaines.

Il mit ses connaissances au service de l'expédition entreprise en 1553 pour découvrir un passage par le nord-est et il devint ainsi conseiller scientifique de la Compagnie de Muscovie. Des années plus tard, ayant lu le traité inédit de Gilbert préconisant la recherche d'un passage par le nord-ouest et ayant appris que l'un des agents de la Compagnie, Michael Lok, participait à un tel projet, Dee manifesta son intérêt et fut recruté, toujours comme conseiller, en 1576. Il donna à Frobisher, à Hall et à d'autres un cours accéléré sur la science mathématique de la navigation et put leur recommander des ouvrages de cosmographie et de navigation en prévision des expéditions. En signe de gratitude, Lok acheta à Dee des actions dans le projet. Il se peut également que Dee ait investi un peu de son argent personnel. Dee comptait parmi les commissaires chargés de contrôler le déroulement des expéditions et les opérations d'exploitation minière, et il contribua probablement à la rédaction des directives régissant les deux voyages subséquents.

Il exerça une fonction de conseiller semblable lors du voyage de Pet-Jackman dans le nord-est en 1580. Plus tard, il influença également les voyages de John Davis dans le Nord-Ouest (1585-1587). Il est d'ailleurs probable que Dee ait enseigné les sciences et la navigation à John Davis enfant. Dee alla jusqu'à revendiquer le crédit pour avoir initié les expéditions menées par Davis.

Dee rédigea plusieurs ouvrages qui le distinguèrent comme éminent conseiller géographique et défenseur de la notion d'un empire britannique. Il avait compris que la suprématie maritime, la colonisation de territoires nouveaux et l'exploitation des ressources minières qui s'y trouvaient seraient le moyen qui permettrait à l'Angleterre d'obtenir la puissance dont elle avait besoin pour résister à l'Espagne ou la défier. L'ouvrage intitulé Brytanici Imperij Limites [Les Limites de l'Empire britannique], rédigé à la fin des années 1570, évoque la conviction de Dee selon laquelle le pouvoir de la reine Élisabeth s'étendrait sur la plupart des mers et sur une grande partie des terres de l'hémisphère Nord. Il s'était appuyé sur des récits historiques, des comptes rendus de voyages, des lettres d'ambassadeurs et des arbres généalogiques pour étayer cette conclusion. Cet ouvrage, accompagné d'une carte résumant ces affirmations, fut présenté à la reine Élisabeth et à ses ministres en 1580.



 


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