VISITE COMPLÈTE
L'architecte - LA VISION DE LA CONCEPTION DE M. CARDINAL
Avec son projet pour le
Musée canadien des civilisations, Douglas Cardinal devient
un architecte d'envergure nationale. La proposition qu'il
présente au Musée commence par le paragraphe
suivant :
« Les symboles sont notre mode de communication. Les
sons et les mots sont des symboles de mots et de sons. Les
peintures expriment symboliquement des sentiments, des
événements et peuvent communiquer des impressions
que les mots ne peuvent pas rendre. La sculpture va plus loin
dans ce sens. L'architecture, sculpture vivante, permet une
représentation symbolique encore meilleure des objectifs
et des aspirations de notre culture. La tâche que je me
propose, c'est d'évoquer, de créer des images
sculpturales et architecturales symbolisant les buts et les
aspirations de ce musée national. »
Cardinal comprend aussi que l'histoire et la culture de notre
pays sont intimement liées à la géographie.
Il lui fallait en tenir compte dans l'architecture du
musée. Celle-ci devait se fondre dans le paysage, en
être un prolongement, épouser les lignes du sol,
prendre l'aspect d'un vaste affleurement de roc stratifié.
Évoquant des souvenirs de 1984, il déclare :
« Sur ce grand continent où vit notre vaste et
diverse nation, je pouvais sentir le temps, le rythme du temps
et l'action de la nature sur les formes du sol. Je pouvais
sentir que le relief avait été sculpté par
les éléments et les forces de la nature, par le
vent, la pluie, le mouvement de l'eau, la chaleur du jour, la
fraîcheur de la nuit, les saisons. Je sentais que
l'architecture du musée devait exprimer
l'évolution des formes de la nature. »
Le concept du design initial proposé
par Douglas Cardinal. Vue aérienne :
l'édifice « épouse le contour naturel du
terrain comme un affleurement naturel et massif de roche
stratifiée indigène. »
© Douglas J. Cardinal Architect Ltd.
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Cardinal sentait qu'un édifice en harmonie avec le sol
serait conforme à l'esprit des cultures autochtones
canadiennes. Et cette harmonie, il la trouvera dans les lignes
et les formes simples de l'art autochtone, dont il cherchera
à saisir la grâce et le mouvement.
Le concept du design initial proposé
par Douglas Cardinal. Ici, les pensées
préliminaires quant à la Grande Galerie sont
évidentes; la plupart du concept a été
retenu, mais avec la série de cascades
déplacée à l'extérieur de la Galerie.
© Douglas J. Cardinal Architect Ltd.
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Représentation symbolique de la terre, l'édifice
doit aussi incarner les nombreuses cultures qui ont bâti
le Canada, refléter l'identité du pays et de ses
habitants, et servir du pont entre les cultures. Il doit non
seulement entretenir la mémoire du passé, mais
aussi être témoin du présent et porteur de
nos espoirs en l'avenir. Car si le MCC plonge ses racines dans
le passé, il nous présente des cultures anciennes
qui sont toujours bien vivantes et continuent d'évoluer
dans le Canada d'aujourd'hui.
Dès le début, bien que son rôle initial se
soit limité à dessiner la structure du
musée, il entrevoyait l'aménagement interne, les
expositions, les programmes et la mission même du
Musée, dans la mesure où, pour lui, les objets
devraient être présentés dans un cadre
évocateur du passé et de façon à
frapper l'imagination :
« Nous vivons tous dans la bulle de nos perceptions,
et nous créons le monde par la vue, l'ouïe, le
toucher, le goût et l'odorat. Pour bien comprendre les
cultures qui ont produit ces objets, il faut autant que possible
faire appel à tous nos sens afin de nous transporter dans
le lieu et à l'époque dont proviennent les objets
que nous voyons; il faut voir les objets dans le contexte de la
culture. Pour cela, on peut avoir recours non seulement à
des décors traditionnels, mais aussi à des
techniques comme l'audiovisuel, l'infographie, l'holographie, le
laser, etc. Observer comment un objet est utilisé,
constater son importance dans la culture dont il provient, aide
à mieux connaître et à mieux comprendre cette
culture. »

Le premier modèle du Musée
qu'a fait de M. Cardinal tel qu'il paraîtrait
illuminé la nuit.
© Douglas J. Cardinal Architect Ltd.
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Le projet présenté par Cardinal, rendu public peu
après le choix de l'architecte, résume bien sa
vision du musée :
« Le musée sera une forme symbolique. Il
évoquera l'évolution du continent, ses formes
sculptées par le vent, les cours d'eau et les glaciers,
l'arrivée de l'homme à l'époque
postglaciaire, l'homme et la femme vivant en harmonie avec les
forces de la nature et évoluant avec elles. Il montrera
comment l'homme s'est d'abord adapté à son milieu,
pour ensuite le maîtriser et le façonner selon ses
aspirations. Il montrera l'homme conscient de son immense
pouvoir de transformer son milieu, et pourtant soucieux de vivre
en harmonie avec lui. »
« L'édifice lui-même doit être
à l'image de notre époque, témoigner des
progrès et des réalisations de l'homme. Il doit
exprimer notre confiance dans l'avenir, dans les
possibilités de l'homme, à l'échelle du
continent, de la planète et du cosmos. Il doit avoir une
dimension spirituelle et exiger le meilleur de tous ceux qui
contribuent à sa réalisation. »

Le premier projet de Cardinal
prévoyait un édifice unique et monobloc. Par
rapport au plan définitif, le secteur des expositions et
celui de la conservation sont ici intervertis.
© Douglas J. Cardinal Architect Ltd.
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La pertinence de cette conception (et de l'architecture qu'elle
inspirait) au regard de l'emplacement, des besoins d'un
musée national d'histoire humaine et des plans
ébauchés par le Musée, convainquit les
responsables du projet que Cardinal était l'architecte
qu'il leur fallait. Parmi toutes les propositions
présentées, la sienne semblait offrir le meilleur
équilibre en tenant compte à la fois des relations
du Musée avec son emplacement, et des relations de
l'homme avec le milieu.
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