Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La vie de Barbeau

L'ethnologue (1)

Je quittais l'Europe avec regret. Je me suis rendu à Ottawa. Edward Sapir était arrivé avant moi; on l'avait chargé d'étudier les Indiens de la côte Nord-Ouest, les Nootkas, et il est parti faire des recherches sur le terrain. On a créé un autre poste pour moi, afin que j'étudie d'autres tribus. Je suis donc entré à la Commission de géologie le ler janvier 1911, aux côtés de Sapir.

Sapir m'a dit: « Pourquoi n'étudiez-vous pas les Hurons? C'est près de chez vous: Lorette est tout près de Québec. » Alors je me suis tout de suite souvenu de Prosper Vincent, le chanteur. « Oui, je vais voir ce qu'il est devenu. » En avril, je me suis rendu à Québec; j'étais équipé d'un petit phonographe Edison de modèle courant, muni des anciens cylindres de cire, qui allait me servir à enregistrer des chansons. Je suis allé à Lorette; je voulais voir Prosper Vincent. On m'a dit: « Il est dans une maison de retraite pour les membres du clergé, à Lévis. » Je l'ai trouvé dans une chambre, là-bas, dans une berceuse. Je lui ai dit que je me rappelais sa chanson, « WENIA, WENIA »; je me souvenais même de l'air. Il s'est mis à rire et m'a tapé sur l'épaule en disant: « Mon cher petit Marius, nous allons faire du beau travail ici. Je vais chanter toutes les chansons indiennes que je connais, pour toi. J'en sais pas mal. » Alors nous avons commencé à enregistrer des chansons, quelque chose comme soixante ou soixante-dix.

Et puis j'ai entendu dire qu'il y avait des Hurons et des Wyandots à l'ouest. Certains d'entre eux se trouvaient au bord de la rivière Détroit, près d'Amherstburg. Je suis allé les voir. C'est là pour la première fois que j'ai entendu parler huron, par une vieille femme qui s'appelait Mary McKee. Et Mary McKee m'a dit: « J'ai de la parenté en Oklahoma. Allez chez ces gens-là, et vous en apprendrez bien plus qu'avec moi. » Alors je me suis rendu en Oklahoma en 1911. J'ai travaillé trois mois là-bas: j'ai noté des noms, des noms de clans, des coutumes, des contes interminables, tout cela dans la langue originale.

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