Porteuse de coupe. Luba. atelier buli, Shaba, Zaïre.
Bois.
© Africa-Museum, Tervuren
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L'aire culturelle luba formait
jusqu'à la fin du XIXe siècle un royaume
réunissant une multitude de chefferies plus ou moins autonomes sous
l'autorité d'un roi sacré, le mulopwe. Le mythe d'origine de
la royauté met en scène un chasseur étranger, Mbidi
Kiluwe, dont le fils, Kalala llunga, devint le premier véritable roi,
grâce à l'aide d'un puissant devin. Vers 1870, le royaume
contrôlait un territoire d'environ 200 000 km2. Au
XXe siècle, il éclate en une série de
chefferies qui toutes se revendiquent aujourd'hui d'un lien de
parenté, d'alliance ou de subordination avec la dynastie
fondée par Kalala llunga.
Les représentations féminines sont majoritaires dans l'art
luba. S'il est vrai que l'image de la femme est ici comme ailleurs un
symbole de fécondité, cela n'est pas suffisant pour expliquer
cette omniprésence féminine dans l'art de cour. La
réponse est en partie ailleurs, dans le système de croyances.
Pour entrer en contact avec le monde surnaturel des esprits, les principaux
devins se font posséder par un esprit qui parle à travers leur
bouche. Or, les Luba pensent que les femmes possèdent des
qualités intrinsèques qui font d'elles les interlocutrices
privilégiées des êtres humains avec le monde surnaturel.
Au début de ce siècle, elles étaient bien plus
nombreuses que les hommes à devenir les médiums des grands
esprits vidye. Jadis, à la mort d'un souverain, son esprit s'emparait
d'une femme qui en devenait alors le médium attitré, la mwadi.
Elle s'installait dans l'ex-capitale (le successeur en construisait toujours
une nouvelle) et y incarnait virtuellement le roi défunt,
perpétuant ainsi son règne. D'autre part, le roi donnait
fréquemment en mariage des femmes de son lignage à des chefs
voisins, instituant ainsi un réseau d'alliances dont ces
épouses de sang royal étaient la clé de voûte. En
privilégiant l'image féminine, le sculpteur luba met en
scène à la fois l'univers socio-politique des hommes et le
monde surnaturel des esprits.
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