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Histoire des Autochtones du Canada
Tome I (10 000 à 1 000 avant J.-C.)

Les Planussiens moyens (Sommaire, Chapitre 17)

La Période III correspond à la Période mésoindienne (Wormington and Forbis 1965), segment médian de l'unité classificatoire utilisée dans le nord des plaines, qui s'étale de la fin du Planoïen jusqu'à la Période néoindienne et qui implique un écart de temps de 8 000 à 2 000 avant J.-C. Dans un sommaire succinct et clair de la Période mésoindienne, on a proposé que l'occupation continue des prairies à herbes courtes n'a eu lieu, en raison de cinq facteurs principaux, que peu avant le début de la Période III telle qu'utilisée dans cet ouvrage. Ces facteurs sont : l'amélioration de la sécheresse de l'Altithermal; l'évolution de l'espèce moderne du bison en remplacement de l'espèce antérieure, exterminée; le dressage du chien pour transporter et tirer les effets domestiques, ce qui a nettement augmenté la mobilité; la construction des tipis et la construction, à l'aide de pierres des champs, de structures cérémonielles; et l'introduction de pierres de chauffe pour amener l'eau à ébullition afin d'extraire le gras requis pour la confection du pemmican (Forbis 1992 : 59).


Les parties du squelette de bison - Dessin : David Laverie Les parties du squelette de bison au site Harder, Saskatchewan

Os et fragments identifiés avec certitudeOs et fragments identifiés avec certitude
Représentés par des os de remplacementReprésentés par des os de remplacement

Dans la plupart des cas, seuls les os riches en gras et en moelle étaient transportés au campement à partir du lieu d'abattage. Par exemple, la portion de la tête le plus souvent récupérée est la mâchoire riche en moelle. Les os des membres, riches en moelle et constituant aussi une source de matière première pour les outils, étaient probablement transportés au campement recouverts de leur chair. Comme on peut le voir dans le dessin, la colonne vertébrale, la ceinture pelvienne et le crâne semblent avoir été généralement abandonnés à l'endroit de l'abattage. Les os communitifs réfèrent aux os finement fragmentés.

(Adapté de Dyck 1977 : Figures 7 et 8. Dessin de M. David W. Laverie.)


À un degré peut-être plus élevé que dans toute autre région du Canada, les changements affectant les styles de pointes de projectile ont servi à la reconstitution des développements culturels dans le nord des Plaines. Étant donné la nature de la majorité des vestiges de l'industrie de la pierre taillée, cet accent mis sur une catégorie d'outils est compréhensible. Néanmoins, dans plusieurs cas, la dépendance à l'égard des types de pointes de projectile pour reconstituer l'histoire culturelle a engendré des problèmes. Même les complexes archéologiques importants reposent essentiellement sur les caractéristiques des types de pointes. Les 3 000 ans que comprend la Période III sont dominés par trois complexes successifs. Le plus ancien s'appelle Oxbow et a été reconnu pour la première fois au site Oxbow Dam dans le sud-est de la Saskatchewan. Il est admis que le complexe Oxbow est issu d'occupations indigènes plus anciennes caractérisées par des pointes à encoches latérales nommées Mummy Cave, Bitteroot, Salmon River, etc. (Walker 1992 : 132-142). Le second complexe est généralement connu sous le nom de McKean ou McKean/Duncan/Hanna ou une combinaison de ces trois styles de pointes différents mais graduels et successifs. Le complexe de McKean a été considéré comme une culture intrusive dans les prairies canadiennes dont les origines ultimes se trouvent dans le Great Basin du Nevada, en Utah et dans les États voisins. Dans cet ouvrage, contrairement à l'opinion énoncée précédemment, on privilégie l'hypothèse qu'il y a eu un développement unique et continue depuis Oxbow jusqu'à McKean. Le troisième complexe et le plus récent s'appelle Pelican Lake qui, croit-on, émane du complexe McKean. Ces trois complexes sont tous compris dans la rubrique de la phase moyenne de la culture des Plaines qu'on appellera dorénavant de façon plus succincte et aussi significative "le Planussien moyen". Si une démonstration éventuelle conclut que les liens existant entre les complexes Oxbow et McKean aboutissent à autre chose qu'un seul développement culturel in situ, une désignation culturelle distincte s'imposera.

Chaque complexe comprend environ 1 000 ans de la Période III (Oxbow - 4 000 à 3 000 avant J.-C., McKean - 3 000 à 2 000 avant J.-C., et Pelican Lake - 2 000 à 1 000 avant J.-C.) mais le complexe Pelican Lake se prolonge dans la Période IV (1 000 avant J.-C. à 500 après J.-C.). Étant donné le fait que plusieurs dates du complexe de Pelican Lake tombent dans la Période IV ou chevauchent la limite de Période III/Période IV, on considérera ce complexe principalement avec le Planussien récent de la Période IV. L'étalement des dates précédentes représente une vue simplifiée du témoignage du radiocarbone; le chevauchement important des dates suit une progression linéaire depuis Oxbow jusqu'à McKean et Pelican Lake tel que révélé par la stratigraphie. De ce point de vue, la chronologie par le radiocarbone et la chronologie par la stratigraphie sont jusqu'à un certain point déphasées. Comme chacun des complexes de la Période III comprend un laps de temps approximativement équivalent, le nom des complexes désigne de façon utile les segments ancien, moyen et récent du Planussien moyen.

On a accordé beaucoup d'importance au fait que les complexes Oxbow et McKean sont généralement postérieurs à l'Altithermal. Un système classificatoire du paléoclimat (Bryson et al. 1970) suggère que la période chaude et sèche de l'Altithermal, qui prend fin vers 3 500 avant J.-C., a permis une extension maximale des prairies. Durant la période plus fraîche et plus humide peu de temps après 2 000 avant J.-C., les forêts envahirent les prairies et les forêts-parcs sur une distance de 50 km à 100 km alors que le climat moderne s'est stabilisé vers 500 avant J.-C. Ce fut après 2 000 avant J.-C. que le témoignage important de l'abattage communal des troupeaux de bisons devient apparent. Ce développement a correspondu, croit-on, à un accroissement des populations (Dyck and Morlan : Sous presse). Cependant, outre le bison, les Planussiens moyens étaient capables d'exploiter les ressources des zones environnementales de la forêt boréale et de la montagne/piémont. Les régions de Kootenay et de Peace River de la Colombie-Britannique semblent toutes les deux occupées par le complexe Oxbow des Planussiens moyens, principalement dans le nord (Fladmark 1981 : 131-135) et par les complexes Oxbow et McKean dans le sud (Choquette 1972; 1973). Toute suggestion impliquant que le Planussien moyen ait eu une économie spécialisée qui reposait uniquement sur le bison sous-estime les capacités culturelles de l'adaptation même si la région des prairies/forêts-parcs constitue le berceau du Planussien moyen.

L'outillage en pierre du Planussien moyen est dominé par des pointes de projectile, des grattoirs, des grattoirs occasionnels et des couteaux bifaciaux. Curieusement la seule pipe tubulaire en pierre du niveau du complexe McKean au site Cactus Flower en Alberta est datée à 2 700 avant J.-C. Si cet objet a réellement servi de pipe à fumer, elle constitue le témoignage le plus ancien de l'habitude de fumer au Canada. Un trait caractéristique du Planussien moyen a été l'usage de la pierre locale pour le façonnage d'outils quoiqu'on trouve une quantité limitée de pierres exotiques, notamment la calcédoine de Knife River du Dakota du Nord et l'obsidienne du Wyoming. L'industrie osseuse semble être plutôt rudimentaire. Ce qui aurait été des éléments dominants dans l'outillage, comme des objets manufacturés à l'aide de peau et de babiche, de bois et de fibres de plante, n'a évidemment pas survécu dans l'enregistrement archéologique.

La probabilité que les trois complexes du Planussien partageaient tous une sorte de système de croyances revêt une signification considérable. On en veut comme preuve l'offrande de pointes de projectile représentant les styles de pointes des trois complexes dans la structure cérémonielle de l'alignement radial Majorville (Majorville Medicine Wheel) (Calder 1977). Les différences notables dans la manière de traiter les défunts chez les gens des complexes Oxbow, McKean et Pelican Lake peuvent éventuellement s'avérer être le résultat d'un témoignage limité et d'une identification imprécise des occupations constituantes plutôt que d'être des indices de différences culturelles authentiques.


 
Tome ITome II

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