IN MEMORIAM : Bill Reid (1920-1998)

Notes biographiques
Éducation et apprentissage |  Premières œuvres |  Oeuvres monumentales
Mots et images |  Bill Reid, 1920-1998 |  Son legs



Oeuvres monumentales

« Il a exploré beaucoup plus profondément qu'Edenshaw le monde lumineux et sensuel de l'espace tridimensionnel, sans pour ôter perdre le fil ou déroger à la fidélité du monde mythique haïda et de sa tradition iconographique. »
Traduction libre, d'après Robert Bringhurst, The Black Canoe: Bill Reid and the Spirit of Haida Gwaii, Vancouver : Douglas & McIntyre, 1991, p.42

« Une fois débarrassés de notre conception ethnocentrique et hiérarchique de l'ordre du monde, nous découvrirons qu'une qualité fondamentale est commune à toutes les créations humaines qui parlent en une voix humaine, reconnaissable, au-delà des limites du temps, des cultures et de l'espace : la simple qualité de ce qui est bien fait. »
Traduction libre, d'après Bill Reid cité dans l'introduction à l'exposition des œuvres d'art de Bill Koochin à la Burnaby Art Gallery (1980)

L'œuvre de Bill Reid est très diverse, tant par les matériaux qu'il a employés que par l'échelle de ses créations. D'un point de vue strictement numérique, les petites œuvres -- particulièrement les bijoux et les coffrets en argent et en or -- sont plus nombreuses et certaines d'entre elles ont été les modèles d'œuvres plus imposantes qu'il a créées par la suite. Du point de vue du revenu tiré de son art, ce sont surtout les sérigraphies qui ont permis à Bill Reid de gagner sa vie. Il demeure cependant que ce sont les sculptures massives de Reid qui l'ont fait connaître au public. Parlant particulièrement de son travail du bois, il l'a décrit comme «un exercice qui consiste à enlever une à une les enveloppes extérieures pour voir ce qui finit par émerger». Il n'avait pas l'intention, au début de sa carrière, de créer des œuvres d'art monumentales. Il s'est toujours considéré d'abord et avant tout comme un orfèvre et comme artisan plutôt qu'artiste (tout en reconnaissant que les deux sont indissociables). Pourtant, vers la fin de sa carrière, il s'est consacré principalement à la création de sculptures monumentales qui lui avait été commandées en vue d'être installées dans des endroits publics.

coffret en or   épaulard
coffret en or (1971)
en forme d'un plat de service
Musée royal de la Colombie-Britannique
no.13902
  L'Épaulard (1984)
Vancouver Public Aquarium

En 1983-1984, il a sculpté L'Épaulard, qui lui avait été commandé pour l'aquarium de Vancouver. C'était la première fois qu'il réalisait un moulage en bronze, quoiqu'il ait auparavant employé la forme d'une baleine cambrée, pour une petite coffret en or. De 1983 à 1986, il a travaillé à la conception et à la construction de deux pirogues en thuya grandeur nature qui lui avait été commandées pour l'Expo 86.

pirogue noire   pirogue de jade
L'esprit de Haïda Gwaii
la «Pirogue noire»
Ambassade du Canada à Washington
photographie : George MacDonald
  L'esprit de Haïda Gwaii (1994)
la «Pirogue de jade»
Aéroport de Vancouver
photographie : George MacDonald

En 1986, on lui commandait une autre sculpture monumentale en bronze, L'esprit de Haida Gwaii, pour la nouvelle ambassade du Canada à Washington, D.C., peu après qu'il eût complété une de ses plus célèbres sculptures de cèdre, Phyllidula, the Shape of Frogs to Come, pour la Vancouver Art Gallery. Cette seconde œuvre, qui doit son nom à un personnage qui figure dans un poème d'Ezra Pound et qui est qualifié de «rabougri, mais affectueux», pousse à la limite la forme traditionnelle de l'animal. La première de ces deux œuvres, achevée en 1991, a d'abord été inspirée par des sculptures en argilite réalisées par les Haïdas au XIXe siècle, c'est pourquoi le bronze a été peint en noir pour le rendre aussi foncé que possible. Un moulage couleur de jade a ensuite été tiré pour l'aéroport de Vancouver tandis que le Musée canadien des civilisations s'est porté acquéreur du premier moulage en plâtre blanc. La dynamique frise en bronze de Reid intitulée Messagers mythiques (1984), commandée par Teleglobe Canada pour son centre international de Burnaby (C.-B.) (une copie se trouve au Musée canadien des civilisations), est d'inspiration semblable -- elle évoque avec force un panneau mural en argilite qui aurait été reproduit à échelle monumentale, avec une plus grande fluidité des formes et un motif plus complexe.

Messagers mythiques
Messagers mythiques
Musée canadien des civilisations
LH991.2821.1

L'esprit de Haida Gwaii et Messagers mythiques caractérisent la réunion de nombreuses formes et figures dans un espace restreint, le tout créant une tension dynamique : l'enchaînement des énergies qui constitue un principe fondamental de l'art haïda. La même philosophie est présente dans une œuvre précédente (1968) de l'artiste : Legacy, panneau de cèdre sculpté pour le Musée royal de la Colombie-Britannique. De plus, ces trois sculptures réunissent certaines des figures préférées de Reid issues de la dramatis personae de la mythologie haïda, figures qui reviennent souvent dans son œuvre : l'Ourse et sa famille, l'Éléphant de mer, l'Épaulard, l'Aigle et, bien entendu, le Corbeau.


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