Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La vie de Barbeau

Le champion des arts (1)

En 1915, j'ai réuni des renseignements sur l'organisation sociale des Tsimshians, les Indiens qui élèvent des mâts totémiques. Ils sont connus pour leurs sculptures sur les mâts, pour leurs masques, les couvertures Chilkat et pour d'autres éléments de l'art de la côte Nord-Ouest. Plus tard, au cours des années 1920, je me suis fait accompagner par des gens bien connus comme Sir Ernest MacMillan, Alexander-Young Jackson et Edwin Holgate, afin qu'ils puissent reproduire fidèlement les mâts totémiques et les Indiens pendant leurs potlatchs, vêtus de leurs costumes. Ce que je voulais, c'était qu'ils me donnent leur opinion quant à la qualité de cet art.

Le premier peintre de la côte Ouest dont j'ai fait la connaissance, c'est Emily Carr, dès 1916. Elle m'a montré ses tableaux en 1926, et j'ai été impressionné par la qualité des mâts totémiques. Alors je me suis dit: « Maintenant je vais insister auprès de la Galerie nationale pour qu'elle présente une exposition de ces tableaux, et je vais inciter en même temps le Musée national à exposer les masques, les mâts totémiques et les sculptures qu'il possède dans sa collection; il faut organiser une exposition mixte pour Ottawa, Toronto et Montréal. »

Un autre artiste avec qui j'ai eu l'occasion de travailler, c'est Langdon Kihn, quand la compagnie Macmillan m'a demandé d'écrire un livre qui s'inspirerait de ses portraits d'Indiens du sud des Rocheuses: il s'agit de Indian Days in the Canadian Rockies. Alors Jackson, de son air le plus timide, m'a dit: « Pourquoi ne mettez-vous pas à contribution quelques-uns d'entre nous, des Canadiens? Nous pourrions illustrer vos livres, et cela nous ferait plaisir de travailler avec vous. » J'en suis resté tout interdit. Je n'avais pas pensé à cela avant, demander à un peintre canadien de m'accompagner. Ils sont venus, et leur contribution a pris une grande importance, elle a créé un grand intérêt: ils ont peint de façon merveilleuse les mâts totémiques, les Indiens, les paysages, les montagnes, et j'ai beaucoup apprécié leur compagnie. Ils m'ont suivi partout chez les Indiens, et leurs œuvres ont constitué une partie de notre grande exposition sur la côte Nord-Ouest, présentée à la Galerie nationale en 1927-28.

À la fin de mai 1927, nous avons organisé un festival au Château Frontenac: une semaine de chansons et de danses folkloriques. En même temps avait lieu une exposition de sculpture sur bois, et nous y avons amené des sculpteurs de l'école de Louis Jobin. Nous avions des chanteurs de diverses régions, nous avions des sculpteurs sur bois, nous avions des tisserands, nous avions des gens venus de l'Assomption, qui fabriquaient des ceintures fléchées.

(Le succès incontestable que connut ce festival incita les organisateurs à reprendre l'événement de manière encore plus élaborée l'année suivante, en mai 1928. Malgré le succès, il n'il y eut pas d'édition de ce festival en 1929. Le « Canadien Pacifique », principal commanditaire de l'événement, repris le tout pour une dernière fois en 1930 sans le concours de Marius Barbeau, trop occupé à ses autres tâches).

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