Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La vie de Barbeau

Petite l'enfance (1)

Je suis né le 5 mars 1883, à Sainte-Marie de Beauce. Mes parents occupaient une grande terre cultivée avec maison de brique, granges, étable, hangars entourés d'arbres et de jardins. Mon père était Charles Barbeau, cultivateur, éleveur et amateur fameux de chevaux trotteurs. Ma mère était Virginie Morency, fille de madame Jean Morency, veuve, vivant de ses rentes dans une belle grande maison. Mes parents devaient vivre confortablement comme cultivateurs relativement à l'aise. Mais alors il y avait peu d'argent courant. On vivait de ses produits et de son travail (arts manuels). C'était un milieu rural, typiquement canadien. Ma mère en se mariant apportait à mon père une dot de mille dollars en argent sonnant, ce qui était beaucoup (et exceptionnel) à l'époque. Mes parents s'étaient mariés en 1882.

Aussi loin que porte mon souvenir, j'étais à côté de ma mère dans une grande voiture recouverte de toile « Covered Wagon » roulant sur la route d'Omaha à Clayton. Ma mère était seule avec ma petite soeur et moi, j'avais de deux à trois ans. Ma mère avait une grosse boîte de bonbons. Elle m'en donnait. J'en demandais encore plus. C'était si bon! Ça durait longtemps comme ça.

À Saint-François, à la « rivière Gilbert », on découvrit de l'or en grande quantité dans l'alluvion à fleur d'eau. C'était tout à côté de la propriété de mon grand-père Louis Barbeau. La soif de l'or s'empare de mon père et l'entraîne à quitter sa propriété pour s'en aller vers l'Ouest où la rumeur de l'or a tant séduit de monde. Il part avant sa famille (ma mère, moi et ma petite soeur), loue sa terre, s'en va à Omaha, Nebraska, où quatre de ses soeurs sont mariées dont deux aux frères Nash, des Américains du Vermont qui étaient venus à la Beauce pour exploiter la découverte de l'or. Séduit par ce mirage nord-américain mon père devait se rendre beaucoup plus loin, à Clayton, Idaho, au pied des Rocheuses. Tout cela est vague. Il n'est pas surprenant que, désenchantés, ils abandonnèrent tôt cette folle entreprise pour revenir à Sainte-Marie de Beauce, en automne 1886. J'avais alors trois ans et demi.

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