Gravé dans la pierre - une tournée architecturale du Musée canadien des civilisations

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Le produit -
LE SYMBOLISME ARCHITECTURAL

Malgré les changements qui ont été apportés, la structure conserve son symbolisme initial. Elle s'inspire de l'aspect du pays lorsque sont arrivés les premiers habitants voilà plus de 15 000 ans, ainsi que de l'histoire topographique de l'emplacement. C'est en quelque sorte une sculpture monumentale représentant un paysage qui s'offrait aux premiers habitants du Canada à l'époque du retrait des glaciers.

Pavillon administratif - CD94-738-007
Les courbes majestueuses du pavillon administratif symbolisent les affleurements rocheux du paysage préhistorique.
© Musée canadien des civilisations, CD94-738-007

Le pavillon administratif évoque les affleurements rocheux du bouclier canadien, qui renferme les richesses minérales du pays. Son aspect rappelle le roc érodé par le passage des glaciers et creusé par les eaux de fonte des glaces; un ruisseau qui traversait jadis l'emplacement du parc Laurier est évoqué par le cours d'eau qui coule entre les deux pavillons.

Pavillon administratif - CD95-717-028
Le pavillon administratif et une partie du parkland qui se trouve devant.
© Musée canadien des civilisations, CD95-717-028

Avec ses gigantesques verrières, le pavillon des aires d'exposition rappelle la muraille que formait la partie antérieure du glacier. Les toits de cuivre, qui prendront avec le temps une couleur verdâtre, symbolisent les moraines, drumlins et eskers laissés par les glaciers, et le retour de la végétation. Enfin, le parc aménagé entre les deux pavillons et en bordure de la rivière représente les plaines qui ont accueilli les premiers habitants du pays il y a des millénaires. L'ensemble de ces éléments symboliques semble offrir une introduction des plus pertinentes aux programmes du Musée, qui retracent l'histoire des habitants du Canada depuis leur arrivée dans le « Nouveau Monde ».

Pavillon des aires d'exposition - CD94-608-022
Le pavillon des aires d'exposition, derrière l'immense Grande Galerie, vu à partir du parc riverain.
© Musée canadien des civilisations, CD94-608-022

Le revêtement extérieur de l'édifice a été choisi en fonction de l'ensemble de l'architecture. Bien que reconnu pour son utilisation de la brique panachée, Cardinal opta cette fois pour la pierre. Ce matériau lui semblait mieux convenir à un monument national et, en outre, il était mieux adaptable aux courbes de l'édifice, plus durable et plus facile d'entretien. Un revêtement en brique fut envisagé un moment pour des raisons économiques, mais l'injection de fonds additionnels permit d'utiliser de la pierre calcaire provenant de Tyndall au Manitoba. Résistante et facile à tailler, cette pierre fossilifère de couleur chamois porte elle-même les marques du passage des glaciers. Les fossiles qu'elle contient ajoutent un élément de surprise à l'édifice. Le revêtement de cuivre du toit contribue à harmoniser l'architecture audacieuse avec les autres grands édifices de la rive sud de l'Outaouais. Les dômes et les saillies du toit sont éclairés la nuit par des tubes fluorescents cachés à la vue. Le pavillon administratif , baigné par la lumière douce du paysage environnant, luit mystérieusement. Le pavillon des aires d'exposition est éclairé principalement de l'intérieur et prend l'aspect d'un écrin transparent offrant son contenu aux regards, ou d'une pierre précieuse étincelante enchâssée au creux de la vallée de l'Outaouais.

Fossile - CD2001-58-041
La pierre calcaire de l'édifice, apportée du Manitoba, rappelle la période glaciaire que symbolisent les formes du Musée. Les fossiles qu'elle renferme nous ramènent à une époque encore plus lointaine.
© Musée canadien des civilisations, CD2001-58-041

La Grande Galerie est le pivot du musée. La conception de sa grande verrière n'a pas été sans difficultés, car la lumière naturelle présentait un danger pour les objets. La séparation de l'édifice en deux pavillons a permis de réorienter la Grande Galerie de façon à ce que la verrière donne sur le nord-est; ainsi, la lumière du soleil n'entre directement dans la salle qu'en début de matinée. Les vitres de la Grande Galerie et d'autres fenêtres du pavillon des aires d'exposition sont composées de trois épaisseurs de verre, recouvertes d'une pellicule qui diminue la chaleur radiante, et sont teintées pour filtrer les rayons ultraviolets. Les objets de la salle sont exposés le plus loin possible des fenêtres, et certains d'entre eux, particulièrement sensibles à la lumière, sont protégés par des colonnes spécialement façonnées qui rythment la gigantesque baie vitrée.

La Grande Galerie a un peu la forme d'un canot, ce qui cadre bien avec les thèmes autochtones qu'elle présente.
© Musée canadien des civilisations, D2004-18595, CD2004-1377
Grande Galerie - D2004-18595, CD2004-1377

Si de l'extérieur, la verrière de la Grande Galerie laisse entrevoir le contenu du musée, de l'intérieur, elle offre une vue spectaculaire de la rivière et de la colline du Parlement. Elle établit ainsi un lien symbolique entre le musée et les monuments et lieux historiques qui l'entourent. Très différent des constructions occidentales traditionnelles, dont le plan est déterminé par des axes qui se coupent à angle droit, l'édifice du MCC est aligné suivant deux droites parallèles et un axe circulaire. L'une de ces droites est également une ligne de vision allant du centre de la Grande Galerie jusqu'à la Tour de la Paix du Parlement en passant par la grande verrière, haute de six étages, qui donne sur la rivière. D'un côté de cet axe symbolique, et parallèlement à celui-ci, un diorama présentant la sculpture monumentale des Autochtones de la côte ouest canadienne rappelle leur contribution au patrimoine du pays et du monde entier.

Grande Galerie - D2004-18571, CD2004-1376
Gigantesque vitrine, la Grande Galerie présente au public des décors recréant un milieu de vie grandeur nature.
© Musée canadien des civilisations, D2004-18571, CD2004-1376

On ne sait pas assez que les musées expriment des hiérarchies de valeurs sociales dans un espace et un temps symboliques. Depuis Lascaux ou Stonehenge, les architectes, les sculpteurs et les peintres ont compris que tout espace a une dimension hiérarchique et symbolique. Cela est particulièrement vrai de l'espace rituel, qui utilise les alignements axiaux (par exemple, le croisement d'un axe principal et d'un axe secondaire). Le principe vaut aussi bien pour les lignes du dragon de l'antique géomancie chinoise, les anciennes pistes des déserts américains ou les alignements mégalithiques, que pour les cathédrales d'Europe. Il a également été appliqué au MCC.

Le principe de l'axe central en architecture, qui s'applique surtout à l'espace intérieur, a pour corollaire le principe des alignements complémentaires applicables à l'espace extérieur. Souvent, l'axe central extérieur d'un édifice croise son axe intérieur, comme dans les cathédrales où le transept croise l'axe de la nef. Mais il peut aussi lui être parallèle. Le grand axe extérieur du MCC est parallèle à celui de la Grande Galerie; il passe par le centre de l'esplanade et la Tour de la Paix. Les axes intérieur et extérieur de l'édifice sont coupés par l'axe circulaire : le parcours d'honneur, dont l'intersection avec l'axe extérieur marque l'emplacement de l'esplanade.

Utilisant l'espace rituel circulaire, l'édifice est fait pour être regardé non pas d'un point de vue unique, mais sous de nombreux angles déterminés par des lignes tangentes. Tandis que le spectateur circule autour de l'édifice, les perspectives se succèdent, offrant aux photographes de multiples angles de vue.



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