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Les villages haïdas
Villages haïdas




     Haida Gwaii



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Kiusta

Mâts à Kiusta

Le mot Kiusta signifie «là où débouche le sentier», allusion à un sentier qui conduit de la baie Lepas au village. Le premier Européen à contempler celui-ci fut le capitaine George Dixon, en juillet 1787. Kiusta fut représenté pour la première fois en 1799, dans un dessin dans le livre de bord du Eliza. Il s'agit d'une vue d'ensemble assez fidèle montrant le village vu de la mer. La plus grande maison appartenait au chef du village, Itltini, d'une branche des gens de l'Aigle de Stastas, dont le grand chef était Cunnyha (maintenant Gunia). La maison de Cunnyha se trouvait dans l'île Lucy, près de Kiusta, mais vers 1800 lui et ses gens se fixèrent dans la région de l'île Prince of Wales, en Alaska, où ils se joignirent au groupe connu sous le nom de Haïdas-kaïganis.

John Work donne à Kiusta, ainsi qu'au village adjacent de Yaku, le nom de Lu-lan-na. Les vestiges de douze maisons à Kiusta indiquent que la population était alors d'à peu près trois cents personnes.

Le nom d'Edenshaw est mentionné pour la première fois par des marchands de fourrures dans les années 1790. Comme tous les noms de chefs haïdas, celui-ci était transmis par voie matrilinéaire au fils de la sœur aînée d'un chef. Au moins un chef du nom d'Edenshaw a précédé celui qui domina la plus grande partie du XIXe siècle, Albert Edward Edenshaw. Né en 1812 et élevé dans le village de son oncle, Hiellan, il alla s'installer à Kiusta après 1834 lorsqu'il fut impliqué dans une tentative infructueuse de pillage du Vancouver, un navire échoué de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Le capitaine et son équipage firent sauter le bateau, manquant de tuer Edenshaw, mais ce dernier récupéra plus tard un bon nombre de fusils sur le banc de sable et remplaça les crosses très endommagées par le feu par des crosses nouvelles qu'il avait lui-même sculptées. Il les échangea avec d'autres Haïdas et transforma sa nouvelle richesse en esclaves. Il en vint à en posséder une douzaine.

Albert Edward Edenshaw construisit sa maison à Kiusta vers 1840, après que lui eurent été révélés en rêve les détails des sculptures des poteaux d'angle, des extrémités des chevrons et du mât de façade. Il la nomma Maison-de-l'histoire; elle s'élevait à l'emplacement de celle de son prédécesseur, la Maison-de-la- propriété. Lorsque la Maison-de-l'histoire fut achevée, Albert Edward donna un grand potlatch et invita des gens de Masset, Skidegate, Kaisun et Cha'atl, ainsi que de villages haïdas- kaïganis.

L'artiste de renom Charles Edenshaw, qui était le neveu de l'héritier d'Albert Edward, réalisa un modèle de la Maison-de-l'histoire pour John R. Swanton. Elle se trouve maintenant à l'American Museum of Natural History, à New York. Swanton fait observer qu'Albert Edward comptait laisser la Maison-de-l'histoire à son fils plutôt qu'à son neveu, mais qu'il abandonna l'idée, et le village même, se fixant au village de Kung en 1850, juste avant la capture du Susan Sturgis par le chef Wiah, de Masset.

Juste à l'ouest de Kiusta se trouvent trois poteaux funéraires qui supportaient autrefois une boîte funéraire. Ils sont maintenant complètement envahis par les mousses et les fougères. En 1932, Robert Bruce Inverarity a vu ces mâts funéraires et consigné les observations suivantes :

Des trois mâts sculptés, celui qui est au centre était à demi rond, et creux, tandis que les deux autres étaient pleins. Les deux mâts extérieurs et le mât uni, derrière, comportent une entaille, en haut, pour accueillir une boîte funéraire à une hauteur d'une quinzaine de pieds. La boîte était disparue. Des deux côtés de cet ensemble funéraire, il y avait des vestiges de plates-formes funéraires. Toutes deux étaient brisées et avaient été pillées par des pêcheurs, comme les grottes que nous avions visitées. D'après les côtés des boîtes, j'ai découvert qu'il devait y avoir de vingt à trente boîtes de chaque côté des deux plates-formes.

Des vestiges des poutres qui formaient les plates-formes funéraires étaient encore visibles dans les années 1990. Le mât central de cet ensemble funéraire semble avoir autrefois été un mât d'intérieur dans la maison d'un chef, car il est creusé à l'arrière, comme le fait observer Inverarity ci-dessus, et il comporte en outre une petite porte ovale de 30 cm de hauteur à peine à la base. Cette ouverture est manifestement plutôt symbolique que fonctionnelle, mais elle est semblable à celles d'autres spécimens connus de mâts centraux d'intérieur placés dans la partie arrière de maisons; ils devaient être considérés, semble-t-il, comme de petits mâts de façade pour le compartiment du chef.

Lorsque Marius Barbeau se rendit à Kiusta en 1939 pour le Musée canadien des civilisations, il y photographia plusieurs monuments, ainsi qu'à Yaku. Lors de mon premier séjour à Kiusta en 1967 pour cartographier le village, un seul autre mât, portant une tête d'Ours, était encore debout. Cette sculpture a été transférée au Musée canadien des civilisations, où une copie en a été exécutée; l'original a alors été renvoyé au musée communautaire de Masset.




Yaku Le village de Yaku, près de Kiusta, a été fondé par des réfugiés de la côte sud-ouest de Haida Gwaii qui fuyaient leurs ennemis de Skungwai. Une épidémie a décimé la quasi-totalité de la population du village en 1852, et les survivants se sont finalement fixés à Masset.

Photo : Charles F. Newcombe, 1913.




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